Le réflexe P.I.P.E., ou l’organisation sans cerveau.
P.I.P.E. pour « Pas d’Initiatives, Pas d’Emmerdes .»
Cette phrase, je l’ai entendue dans au moins 15 entreprises différentes.
Parfois murmurée autour de la machine à café. Parfois assumée en réunion. Toujours avec le même résultat : l’immobilisme déguisé en prudence.
Le réflexe P.I.P.E. est tentant, je le reconnais.
Rester discret, faire son travail, éviter les turbulences. C’est rassurant à court terme. Confort maximal pour les collaborateurs, leurs managers directs.
Mais à force de jouer la sécurité, on construit des organisations figées. Silencieuses, prudentes, parfaitement incapables de s’adapter. Mortes-vivantes.
Quand le P.I.P.E. devient une culture
J’ai accompagné une grande banque française où chaque proposition devait passer par 6 niveaux de validation. SIX étapes pour valider une simple initiative. Peut-être une manière de tester la ténacité des collaborateurs ?
Résultat : une inertie totale, des frustrations qui s’accumulaient, et des talents qui se taisaient pour survivre. Ils avaient même créé leur propre devise : “Mieux vaut se taire, au moins on ne risque pas d’être convoqué.” Quand vos équipes inventent des slogans pour justifier leur silence, vous avez un véritable problème.
Ce que nous avons fait
Avec l’équipe Supermonday, nous avons travaillé sur deux fronts en parallèle :
- Les process, en simplifiant drastiquement les circuits de décision et en instaurant de vrais espaces de délégation.
- La culture managériale, en aidant les leaders à passer d’une logique de contrôle à une logique de confiance et de responsabilisation.
Car l’un sans l’autre ne fonctionne pas.
👉 Promouvoir la prise d’initiative sans alléger les process = frustration.
👉 Simplifier les règles sans changer les mentalités = inertie.
C’est l’articulation des deux qui a permis de redonner de l’air aux équipes.
Comment sortir de cette spirale ?
Trois leviers. Simples. Pas faciles, mais simples :
- Sécuriser psychologiquement. Le droit à l’erreur ne peut pas rester un concept affiché au mur. Il doit se traduire dans les pratiques quotidiennes.
- Valoriser l’initiative, même bancale. Une idée moyenne qui avance crée plus de valeur qu’une idée géniale qui reste dans les tiroirs.
- Responsabiliser avec un cadre, pas avec des chaînes. Revoir les circuits de décision pour libérer, mais attention autonomie ne signifie pas anarchie. Il s’agit de donner les moyens d’agir, pas de tout autoriser.
Au final, mieux vaut une initiative imparfaite qu’une inertie parfaite.
Et si nous détournions le P.I.P.E. ?
P.I.P.E. : Prendre Initiative, Progresser Ensemble.
La question est finalement simple pour les décideurs : voulez-vous continuer à jouer la prudence, au risque d’éteindre vos équipes, ou bâtir une organisation capable de tenir debout demain ?