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Alexandre le Grand : quand la vision dépasse la structure

Ce que l’Histoire a à dire aux leaders d’aujourd’hui Episode 2

La croissance, surtout quand elle est rapide, est souvent perçue comme une victoire.

Mais l’Histoire rappelle une chose simple : grandir vite n’a de valeur que si l’on construit en parallèle ce qui permet de durer.

Et peu de figures historiques illustrent mieux ce paradoxe qu’Alexandre III de Macédoine, dit le Grand.

Une fulgurance hors norme

À 20 ans, Alexandre monte sur le trône. À 32 ans, il est mort. Entre les deux : une conquête inédite, de la Méditerranée à l’Indus, en passant par Babylone, Suse, Persépolis.
 
Il bat les armées les plus puissantes de son époque. Il écrase Darius, roi des Perses. Il fonde des villes à son nom. Il inspire, fascine, inquiète.
Il avance sans relâche. Il veut tout voir, tout unifier, tout repousser.
 
En douze ans, il conquiert plus de territoires que n’importe quel souverain avant lui. Mais voilà : à quoi bon conquérir si rien ne suit ?

Un empire sans colonne vertébrale

Alexandre bâtit un empire… mais ne prend pas le temps de construire une gouvernance.
Il accumule les territoires, les peuples, les cultures, mais ne met en place ni institutions solides, ni succession claire, ni cohésion durable entre ses généraux.
 
Il exige fidélité, mais centralise tout. Il incarne, mais délègue peu.
Et surtout, il ne prépare pas l’après.
 
À sa mort, son empire se disloque presque aussitôt. Ses plus proches compagnons se déchirent. Les satrapes s’émancipent. La Macédoine se replie. Le rêve d’un empire universel devient une mosaïque de guerres intestines.

Ce que cela dit du leadership et de la croissance

La vision d’Alexandre était immense. Sa capacité à entraîner, hors norme.
Mais une vision, aussi inspirante soit-elle, ne suffit pas.
Il faut penser la structure qui soutiendra ce que l’on bâtit.
Former des relais. Préparer les fondations. Accepter de ralentir, parfois, pour consolider ce qui a été gagné.
 
Ce n’est pas l’ambition qui a trahi Alexandre. C’est l’absence d’un cadre pérenne.
Un système qui repose intégralement sur une figure centrale ne peut survivre à sa disparition.
C’est une leçon dure, mais claire : la croissance n’est pas le but. C’est un effet. Ce qui compte, c’est ce qui reste.

Ce que ça change pour nous

Dans les organisations, dans les startups, dans les projets de transformation, l’euphorie de l’expansion peut masquer une fragilité structurelle.
Croître sans définir de principes, sans transmettre, sans poser les bases d’une gouvernance distribuée, c’est prendre le risque de l’effondrement dès que le leader s’absente.
 
Un projet solide, ce n’est pas une vision portée par un seul homme. C’est une vision qui peut être portée par plusieurs, sur la durée.
 
 

 
Pour approfondir :
  • Alexandre le Grand, Paul Goukowsky
  • The Campaigns of Alexander, Arrian (source antique de référence)
  • Podcast Les grandes traversées – Alexandre le Grand, France Culture
  • Le management stratégique dans l’Antiquité, dossier spécial Revue Management & Histoire
 

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Sébastien Saint-Cricq

Sébastien Saint-Cricq

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