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Le management à bout de souffle : repensons l’organisation du travail

Depuis quelques années, les entreprises misent beaucoup sur le développement des soft skills des managers : écoute, empathie, assertivité, gestion des conflits, communication non violente… C’est devenu un passage obligé des plans de formation. Et dans l’absolu, c’est une bonne chose : un leadership plus humain peut transformer les dynamiques d’équipe.Mais former les managers à mieux dialoguer, mieux animer les collectifs, mieux gérer les tensions… ne suffit pas. Pourquoi ? Parce qu’on attend d’eux qu’ils incarnent ces qualités dans un environnement de travail souvent saturé, incohérent et trop peu questionné.

Quand les soft skills ne suffisent plus à compenser un quotidien sous tension

Aujourd’hui, on attend des managers qu’ils maintiennent la cohésion et l’engagement, qu’ils soient disponibles, bienveillants, à l’écoute… dans un environnement de travail qui produit lui-même surcharge, stress et perte de sens. Exemple concret :
On forme un manager à « mieux écouter » ses collaborateurs, à faire preuve d’empathie.
Sauf que dans les faits, ce manager a 12 réunions par jour, 120 mails en attente, et zéro moment de concentration.
Résultat : il écoute, mais à moitié. Il s’épuise à « être bienveillant » dans un cadre qui ne lui en donne pas les moyens.
 On transfère alors, parfois sans s’en rendre compte, la responsabilité des dysfonctionnements organisationnels sur les épaules de ceux qui les subissent. Le manager devient un tampon humain entre les attentes de la structure et la réalité du terrain.

Trop de sollicitations, pas assez de respiration : le quotidien du manager sous pression

Les chiffres sont connus : 70 % des managers se disent submergés (APEC, 2022). Les messageries instantanées, les mails à flux tendu, les réunions en cascade, les objectifs flous, les outils qui changent sans cesse… autant d’éléments qui créent une charge mentale continue. Dans ce contexte, on demande au manager :

  • de rester disponible,
  • de prendre soin des équipes,
  • de donner du sens,
  • de piloter l’activité,
  • d’être un relais exemplaire de la stratégie,
  • et d’incarner la culture de l’entreprise.

 Des attentes élevées, dans un quotidien souvent morcelé et contraint.

L’illusion de l’autonomie individuelle face à des impératifs permanents

Beaucoup d’organisations pensent bien faire en « responsabilisant » les managers : tu gères ton temps comme tu veux, tu choisis comment t’organiser, tu es libre dans ta posture… Mais dans les faits, les réunions s’imposent, les sollicitations affluent sur Teams, les mails continuent d’arriver à toute heure. « Tu fais comme tu veux pour t’organiser, mais sois réactif. Et participe à toutes les réunions. Mais tu fais comme tu veux, hein ! » Cette autonomie affichée devient une injonction contradictoire. Et pire : elle culpabilise. Si le manager n’arrive pas à tout faire, c’est qu’il n’est pas assez organisé, pas assez solide, pas assez agile. On oublie de regarder ce qui, dans l’organisation, produit la charge.

Repenser les conditions et l’organisation du travail

Il ne s’agit pas d’arrêter de former les managers aux compétences humaines. Ces compétences sont précieuses. Mais pour qu’elles portent leurs fruits, elles doivent s’inscrire dans un cadre soutenable.Repenser l’organisation du travail, c’est :

  • Clarifier les rôles et les priorités
  • Désaturer les agendas
  • Protéger des temps de concentration
  • Redéfinir les temps collectifs utiles
  • Encadrer l’usage des outils digitaux
  • Donner aux équipes un vrai pouvoir d’arbitrage sur leur temps

 Bref : c’est faire en sorte que les managers aient la capacité réelle d’exercer les compétences qu’on attend d’eux.

Et si on repensait l’environnement, plutôt que de tout miser sur les individus ?

La bienveillance, l’écoute, la posture coach… sont de vraies qualités. Mais elles ne doivent pas devenir un moyen de tenir dans un système déréglé.Un bon manager, ce n’est pas quelqu’un qui résiste à tout. C’est quelqu’un à qui l’on donne un cadre clair, respirable, cohérent.Former, oui. Mais aussi, repenser l’environnement de travail.
C’est la condition pour que les soft skills deviennent un levier durable… et pas un simple pansement sur un malaise systémique.

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Sébastien Saint-Cricq

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